Vodka et embrouille ne font pas bon ménage [Ft Neal]

La famille, c'était sensé être que du bonheur, de la joie et un lien puissant, la mienne était plutôt différente, déjà que depuis les accidents elle s'était vu réduire, mais en plus elle avait été fragilisé, mon frère avait beau être plus qu'important pour moi, le lien qu'on avait tout les deux se détériorer sans cesse. Il avait été un garçon adorable, mais depuis un moment, il avait changé, il sortait tout les soirs et je ne pouvais rien faire pour l'en empêcher. Je n'étais pas son père et je ne le serais jamais, je ne savais pas faire preuve d'autorité sur lui. Devais-je le punir ? Je n'en avais aucune idée, j'avais essayé pleins de fois de lui parler mais ça ne servait pas à grand chose. Je ne voulais pas lui faire du mal, mais son comportement du moment me semblait autodestructeur.

Encore une fois, il avait décidé de sortir, c'était le week-end, ce n'était pas trop grave, je lui avais dis qu'il devait être rentré pour 22 heures, je ne savais pas si c'était laxiste de ma part, mais ce n'était pas trop tard, ni trop tôt, ça me semblait bien. Je m'étais installé devant la télé avec un livre pour étudier avant la rentrée, j'avais mis une série sur Netflix, j'étais un peu plus concentré sur mon livre mais un bruit de fond était nécessaire pour que je puisse étudier. Je m'étais fais livré un repas, je n'avais pas le courage de cuisiner ce soir. Du coup, j'ai passé toute la soirée à réviser en mangeant des nouilles et en regardant Crazy Ex Girlfriend, il y avait pire comme soirée. Je regardais l'horloge du salon, 22 heures, ce qui me servait de frère devait être rentré, je lui accordais  un délai de 30 minutes pour rentrer, j'étais humain je comprenais qu'on puisse avoir un peu de retard.

Je sentais que j'allais devoir l'attendre toute la nuit, je passais la main dans mes cheveux noirs comme le jais, cette fois-ci, c'était la fois de trop, je voulais bien être gentil, mais je n'étais pas idiot. J'attendis toute la nuit devant la télé, j'avais fermé la porte à clef pour qu'il apprenne à patienter un peu. Je m'endormis et je fus réveiller par le bruit de quelqu'un qui frappait à la porte, je regardais l'heure, je n'en croyais pas mes yeux, il rentrait à 3 heures et demi du matin. Je patientais une petite minute avant de lui ouvrir la porte en fronçant les sourcils. Je le regardais sévèrement et je lui dis :

- Va falloir qu'on parle sérieusement toi et moi !

Il sentait l'alcool et c'était ma veste qu'il portait ? Comment est-ce qu'il me l'avait prit ? Je sentais que je n'étais pas prêt de me recoucher. Je fermais la porte derrière lui et j'allumais la lumière du salon avant de tirer une chaise pour qu'il aille s'asseoir. Je sortis un verre que je remplis d'eau avant de le poser devant lui et je lui demandais :

- T'as une bonne explication j'espère ?!

Était-il entrain de se foutre de ma gueule ? Que voulait-il me prouver ? Que j'étais nul pour l'éduquer, je m'en rendais bien compte, j'essayais toujours de faire de mon mieux, mais ça ne suffisait pas. La preuve, mon petit frère venait de rentrer complètement bourré et tout ce qu'il avait pour explication, c'était "fille, bagarre et verres", soit il était complètement débile et inconscient soit il cherchait un moyen pour oublier sa peine. J'eus un pincement au coeur en pensant à la deuxième hypothèse, que devais-je faire ? Personne ne m'avait filer un film ou un livre expliquant les choses, du style "Comment éduquer un orphelin qui picole ?", ça aurait pu m'aider. Je regardais ses yeux, il semblait n'avoir que bu et à son odeur, je fus rassuré de ne sentir aucune drogue, je savais comme ça pouvait puer sur les vêtements et si il tombait dans ça, je ne me le pardonnerais pas. Je pris une profonde inspiration et je lui dis :

- Tu penses vraiment que tu vas t'en sortir en partant dormir rien qu'en disant ça ?

Si c'était le cas, il se foutait le doigt dans l’œil et jusqu'au coude ! Il allait se pourrir la vie, ça avait beau être les vacances, je ne voulais pas risquer de voir des répercussions sur ses notes ou sur sa vie future. Il avait retiré ma veste, je songeais clairement à mettre un cadenas pour mon armoire, si il avait au moins la politesse de me les demander, j'accepterais avec plaisir. Je passais la main dans mes cheveux, j'étais exaspéré et je sentais une pointe de colère en moi. Je repris :

- Neal... Je suis ton frère, j'ai peur pour toi, quand je te vois comme ça. Tu es tout ce qu'il me reste et quand je te vois t'autodétruire comme ça, je souffre. Notre vie n'est pas facile, c'est sûr mais on peut pas tout noyer dans l'alcool, ça ne fait pas de miracle, le retour à la réalité est encore plus dur.

J'avais pris sa main, je voulais qu'il m'écoute, il pouvait évacuer ses soucis d'une autre manière, il pouvait faire du sport, on n'a jamais été de grand sportif, mais ça pourrait peut-être l'intéressé ou bien écrire, ou chanter ou je ne sais pas... Mais pas quelque chose qui a des impacts grave, pouvait-il faire une cirrhose à son âge ? Je soupirais à nouveau et je lui dis :

- Je... vais passer plus de temps avec toi, je trouverais bien un moyen... On a besoin de parler, l'un comme l'autre, ça nous fera du bien.

J'étais sûr que l'idée n'allait pas l'enchanter mais c'est tout ce que j'avais trouvé, qu'il comprenne que je l'aime et que je ne veux pas qu'il fasse des choses pareil. Je lui souris et je lui dis :

- T'as parlé d'une bagarre ? Si t'en faisais parti, j'espère que tu l'as éclaté.

Au moins, ça le mettrait peut-être à l'aise, j'étais prêt à tout pour arranger les choses.

- Bois de l'eau, t'aura moins la gueule de bois demain. Et mange un truc.

M'écoutait-il ? J'avais l'impression de parler à un mur, ça me faisait mal, je voulais qu'il m'entende, j'aurais aimé le secouer pour qu'il comprenne, je n'avais plus que lui, il était l'une des raisons qui me faisait me lever le matin sans lui, je n'avais plus rien. Mon visage montrait la souffrance que je subissais, sons silence me faisait souffrir, le savait-il ? Je ne l'espérais, je n'aurais pas aimé que mon frère soit au courant qu'il me blessait. Je passais la main dans mes cheveux, à chaque fois que je m'arrêtais de parler, j'espérais qu'il m'adresse un mot, même un "vas te faire foutre" m'aurait fait plaisir. J'avais juste besoin de l'entendre m'adresser la parole.

J'étais à l'affût du moindre détail sur son visage, de la moindre émotion qui pouvait apparaître, il eut des tremblements et repoussa ma main, pourquoi ne voulait-il pas se confier à moi ? J'espérais qu'il avait au moins quelqu'un avec qui parler, ce serait mieux que rien. Je soupirais mais j'avais réussir à le faire sourire, première "émotion" qu'il m'avait laissé apercevoir.

Il prononça mon prénom, c'était rare, d'habitude, j'avais le droit à Evy, Eve ou à d'autres plus nul encore, il devait vraiment être affecté. Il me demanda de ne pas passer du temps avec moi au dépit de mes études. Si, sa voix avait un peu plus d'âme, ça m'aurait fait chaud au coeur, mais là, vu son ton, j'avais peur qu'il ne veule plus passer du temps avec moi. Je repoussais les larmes, ça me faisait mal, mais je ne devais pas lui montrer, mon visage était impassible, même une psychologue n'aurait rien vu. Il passa dans la cuisine en buvant son verre d'eau.

Je décidais de le suivre et je me mettais dans l'espace de la porte en lui demandant :

- Alors, je fais quoi ? Je te laisse picoler tout les soirs et finir à la rue avec un nez rouge, une bouteille de vin de cuisine à parler tout seul et fort ?

Je dramatisais un peu mais il était important pour moi et il fallait qu'il le comprenne. J'ajoutais :

- Je ne sais plus quoi faire. J'ai l'impression d'être nul, de ne pas y arriver avec toi, je tiens à toi, tu le sais au moins ?

Comment faire pour qu'il arrête de boire ? Je n'allais pas le priver de sorties, je risquais plus de le perdre qu'autre chose. Je lui dis :

- Parle-moi, dis-moi ce qui ne va pas.

Il en avait besoin et moi aussi.

Rien, que dalle, nada, aucune parole ne sortait de sa bouche, qu'avais-je fais pour que notre dernière réelle discussion remonte à six mois ? Un deuil prend du temps, c'est sur. Est-ce qu'il l'avait fini ? Je ne l'ai jamais su, si il souffrait encore c'était sûrement non. J'avais peur qu'il ne le fasse jamais son deuil et qu'il finit rongé par la tristesse ou pire que tout ça se transformait en colère. Je me faisais peut-être trop de soucis, je ne savais pas à qui me confier, je ne connaissais pas grand monde, je n'avais jamais été trop sociable.

Au bout d'un moment, j'entendis sa voix, un "désolé", sa voix avait changé avec les larmes qui coulèrent sur ses yeux, je n'eus qu'un réflexe, le prendre dans mes bras. Je n'aimais pas spécialement les contacts physiques, mais là ça s'imposait. J'essayais de retenir mes larmes, mais cette tentative fut vaine, au moins, il ne le voyait pas grâce au câlin. A l'aide de la manche de mon pull, je séchais mes larmes et je lui dis :

- C'est pas grave. Tu n'y es pour rien. Je veux que tu saches que je tiens à toi plus que tout.

Je ne voulais pas le lâcher, mais je savais que dans peu de temps, il allait tenter de se dégager. Que pouvais-je bien faire si il ne voulait pas que je passe plus de temps avec lui ? Je n'en avais aucune idée. Je finis par rompre le contact et je dis avec un petit sourire :

- Si tu veux aller dormir vas-y.

Il était tard après tout et vu ce qu'il a bu, il n'allait pas tarder à s'endormir même si il était debout. Au fond, j'espérais qu'il se souvienne de tout ça demain matin mais je ne pensais pas que ce soit possible vu le taux d'alcool qu'il avait dans le sang. Je passais la main dans mes cheveux et je lui repris :

- On reprendra cette discussion demain si tu le veux bien.

Je savais que si il avait la gueule de bois, on aurait encore plus de mal à discuter. Je sortis du frigo un soda et je me servis un verre.

Cette soirée était loin d'être amusante, elle était plus riche en émotions que ce que je pensais, j'avais peur pour lui, il s'autodétruisait en me demandant ce que je pouvais faire pour lui, si il y avait des répercussions sur sa vie, je m'en voudrais durant toute la mienne. Je ne pouvais pas le priver de sorties, il trouverait un moyen pour fuir et ça nous éloignerait un peu plus. Il avait encore pleurer et cette fois-ci c'était de ma faute, j'allais m'en vouloir pendant un moment.

Une fois que je lui avais dis d'aller dormir, il marmonna un bonne nuit et partit dans sa chambre encore avec ma veste sur ses épaules, je soupirais et j'allais dans la mienne, je me changeais rapidement et je m'allongeais dans mon lit, je savais que j'allais passer tout la nuit à y réfléchir. Je regardais le plafond, je pris un certain moment avant de m'endormir, une nuit sans rêve, peut-être que j'étais trop fatigué pour arriver à faire un rêve.

Je fus réveillé par des rayons du soleil, je repensais à la veille, je me dis que ça pouvait être sympa de faire plaisir un petit coup à Neal. Je me levais rapidement et je décidais de faire des petits-déjeuners, je préparais des pancakes, du bacon ainsi qu'un muffin et un grand bol de lait avec un grand verre de jus d'orange. Après plus d'une heure de travail, tout était prêt, je préparais un plateau et je rentrais dans la chambre de mon petit frère, c'était le bordel mais dans la chambre d'un ado ce n'était pas trop étonnant. Je m'asseyais à côté de lui, il était déjà réveillé, au moins je ne me ferais pas engueuler pour ça. Je posais le plateau à coté de lui et je lui dis :

- Salut, pas trop mal au crâne ? Je t'ai préparé du jus d'orange pour les vitamines et les fibres, du bacon, c'est mieux que le macdo pour soigner la gueule de bois.

Je pris un morceau de pancakes, je n'avais même pas pensé à faire à manger pour moi, cette histoire m'avait énormément préoccupé. Je lui dis calmement :

- J'imagine que t'as pas trop envie de reparler d'hier soir ?

Ça se comprenait parfaitement.

Encore une fois, je n'avais pas beaucoup de réponses, gueule de bois ou pas envie de parler ? Aucune idée mais ça faisait toujours aussi mal, je gardais un sourire compatissant, j'espérais sincèrement que tout s'arrangerait, c'était peut-être naïf mais je voulais qu'il aille mieux, que tout se passe bien, qu'on redevienne comme nous étions avant, une famille, réduite peut-être mais une famille qui s'aimait, une légère tristesse s'inséra dans mon regard, je ne voulais pas qu'on finisse comme ça, moi dépressif en me faisant du soucis pour mon frère et lui alcoolique à picoler tout le temps.

Il commença par boire son bol de lait, au moins il ne m'avait pas rejeté comme une crotte, je passais la main dans mes cheveux en espérant que tout se passe pour le mieux. Il répondit à ma question par une autre question, c'était pas vraiment ce qu'il y avait de mieux, je soupirais un peu et je lui dis :

- Oui, je sais que ça va te faire chier mais c'est nécessaire.

Je ne savais pas vraiment comment aborder le problème surtout qu'il n'était clairement pas dans la meilleure forme. Je continuais de manger le pancake et je lui dis :

- Je vais pas trop t'embêter, je veux juste que tu me parles, que tu me dises ce qui ne va pas. Tu peux tout intérioriser, je l'ai fais pendant un moment, mais ça ne donne rien de bon et noyer tout ça dans l'alcool ne t'aidera en aucun cas, ça te causera plus de problèmes qu'autre chose.

Je ne savais pas quoi dire, je n'étais jamais rentré bourré devant nos parents, je ne savais pas si il m'aurait puni et j'étais sûrement mal placé pour le punir.

- T'en pense quoi ?

Dans tout les cas c'était mieux qu'hier, il n'y avait plus de larmes d'aucun côté et cette petite partie suffisait à me faire souffrir. Savait-il qu'il n'y avait aucune faiblesse à pleurer ou à parler de ce qu'on ressent ? Aucune idée, on avait été élevé avec gentillesse mais on était loin de confier tout les jours nos sentiments. Je passais la main dans mes cheveux en attendant ses paroles, je fus étonné qu'il me réponde, un ouais n'était pas grand chose, mais c'était un excellent début, c'était déjà mieux qu'hier.

Il prononça mon prénom, ça changeait des surnoms de plus en plus absurde qu'il me donnait constamment, c'était bon signe ou pas ? Soit il était mal, soit il prenait la chose sérieusement ou peut-être les deux, je ne voulais surtout pas le faire souffrir, je serais un frère indigne sinon mais ça semblait visiblement nécessaire, il s'excusa pour ce qu'il avait fait, je lui souris, je ne lui en voulais pas, je ne pouvais pas lui en vouloir, ce n'était pas de sa faute, tout les événements qu'on avait traversé, il fallait bien qu'il tente de se débarrasser de se débarrasser de ces souvenirs, je n'avais pas réussi et ça me hantait beaucoup trop, je n'imaginais même pas ce qu'il pouvait ressentir à son âge.

- Je te crois. Je tiens à toi plus que tout. Il ne reste que nous deux et on se doit de s'aider coûte que coûte.

Je fais une petite pause puis je secoue ses cheveux avec un sourire et je lui dis :

- Finis ton déjeuner et repose toi encore.

Je me levais et je sortis de sa chambre avant de retourner étudier sur le canapé du salon.